Aménager son atelier : un studio de menuiserie !

Descriptif: 
Dans le nouveau hors-série du Bouvet "Aménager son atelier", Samuel Mamias présente en détail les différentes étapes de sa vie de menuisier. Un atelier de bricoleur pour commencer, puis un véritable atelier de menuisier, équipé en plusieurs phases. Et enfin, du fait de son activité de partage de vidéos sur Internet, Samuel dévoile les nombreux aménagements spécifiques à ce besoin : la lumière, essentielle, et la fabrication d'un petit établi polyvalent, accessible à tous !
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Aménager son atelier : un studio de menuiserie
Sommaire: 

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2015-2020 : UN STUDIO DE MENUISERIE (V 2.2)

Par Samuel Mamias

Si vous ne le savez pas, depuis 2013, je filme mes réalisations et je partage cela sur le site Internet de vidéos YouTube. J’ai commencé très simplement, puis petit à petit ma vocation d’enseignant a pris le dessus. J’ai inclus dans mes vidéos de plus en plus de pédagogie : des tutos, des explications sur une technique et parfois de simples films pour le plaisir de faire de belles images. Depuis 2017, j’ai même franchi une étape supplémentaire en réalisant plusieurs cours de menuiserie en ligne. Oui, en ligne ! « Fabriquez vos meubles en bois massif », avec BLB-bois. Et « Fier de faire mes meubles », disponible sur mon propre site. Ces deux formations, complémentaires par leur approche et leur contenu, ont en commun l’utilisation des machines électroportatives : la défonceuse et la scie circulaire plongeante.

Ce que je vous propose, dans ce dernier chapitre sur mes ateliers, c’est de voir celui du « youtubeur » depuis les coulisses. Je souhaite également vous présenter l’atelier du formateur. Lorsque je tourne une formation, il n’est plus question d’un magnifique établi ni de machines stationnaires haut de gamme, l’objectif est de tout faire à l’électroportatif, ce qui induit une véritable métamorphose de l’atelier.

Sonoriser, éclairer, filmer

Aménager son atelier : un studio de menuiserie, filmer

Lorsque l’on cherche à faire de la vidéo, on entend souvent dire « le son c’est la moitié d’une vidéo ». Je partage complètement cette analyse, mais je vais vite éluder cette partie de la présentation. Sachez seulement deux choses : d’une part mon atelier est au sous-sol, la résonance naturelle de la pièce est impressionnante, c’est pour cela que j’ai très vite utilisé les murs pour y accrocher tous mes gabarits. De cette manière, je limite légèrement la réverbération. Pour autant lorsque l’on fait de la menuiserie le son est très rapidement saturé et atteint des niveaux difficilement supportables sans un casque antibruit. Il en va de même pour les micros de nos caméras. Heureusement il existe des filtres, soit intégrés à la caméra soit en postproduction, sur le logiciel de montage vidéo. Ainsi on peut rendre supportable le son d’une scie circulaire munie d’une lame de débit, même dans un salon.

Je vais m’attarder un peu plus sur le thème de la lumière. À notre époque où le moindre évènement est immortalisé par un smartphone, tout le monde a compris que l’éclairage est essentiel pour faire une image.

En 2012, j’avais 7 tubes néon dans mon atelier et la lumière, ça donnait ça !

Aménager son atelier : un studio de menuiserie, éclairage aux néons

Depuis, j’ai ouvert une fenêtre, doublé le nombre de néons, ajouté des panneaux LED, installé un projecteur, placé un rideau pour diffuser la lumière du jour… Au-delà de l’aspect vidéo, c’est un vrai confort de travail, qui peut tout aussi bien vous être utile. Il ne suffit pas de simplement augmenter le nombre de sources lumineuses ou leur puissance.

Aménager son atelier : un studio de menuiserie, éclairage aux panneaux LED

Sur la photo ci-dessus, vous prouvez remarquer que mon ombre créée par le projecteur est nette et très contrastée. Même il faut bien comprendre que cet éclairage direct crée des zones très claires et des zones presque noires, que nos boîtiers vont devoir « encaisser » (c’est leur plage dynamique). Pour notre œil aussi, ce type d’éclairage n’est pas très agréable : nous fatiguons plus vite. Au contraire, la lumière du panneau LED au-dessus de la dégauchisseuse, ou celle du jour qui passe au travers du rideau génèrent des lumières diffuses. Leurs ombres ont des contours flous, nos yeux ont nettement moins de difficulté à apprécier la globalité de la scène. Il en va de même pour nos appareils photo.

Ceci étant compris, vous imaginez bien que je cherche dans l’atelier à construire une lumière la plus diffuse possible, elle a le double avantage d’être facile à filmer et agréable à travailler. J’ai encore beaucoup à apprendre en matière d’éclairage. Je vous propose de simplement partager quelques bonnes pratiques pour vous aider à améliorer l’éclairage de votre atelier.

Lorsque l’on travaille simplement, la lumière du jour et particulièrement agréable, mais lorsque l’on filme, elle complique singulièrement les choses. On ne maitrise pas son intensité et lorsque celle-ci est en contre, face à la caméra, cela peut devenir très compliqué voire impossible. Ce premier constat m’a fait augmenter la puissance lumineuse à l’intérieur de l’atelier en doublant le nombre de néons. Il est illusoire d’espérer contrer la puissance lumineuse du soleil, l’idée est ici simplement de réduire les écarts.

Pour exploiter au mieux la lumière du jour, j’ai d’une part placé un rideau blanc devant l’entrée, la lumière brute du soleil est alors diffusée, ce qui floute les ombres. D’autre part, j’ai placé un store devant la fenêtre, cela me permet de réduire la puissance lumineuse en le fermant, un peu à la manière du diaphragme d’un appareil photo. Mais cela permet aussi, en tournant les lames, de rediriger la lumière par réflexion vers le haut et ainsi de créer une source de lumière indirecte et diffuse.

Augmenter la puissance lumineuse ne sert à rien si la lumière est directe. Elle va encore créer des ombres nettes et contrastées. Il faut trouver un moyen de la diffuser. Plusieurs solutions s’offrent à nous :

• en multipliant le nombre de néons, je casse les ombres, c’est la première solution acceptable, mais pas idéale ;

• avec un projecteur, je peux aussi créer une lumière diffuse si je l’utilise de manière indirecte. En la dirigeant vers le plafond par exemple. C’est pour cela que j’ai peint le plafond en blanc ;

• j’attire votre attention sur la qualité des panneaux LED. Le panneau doit être suffisamment dépoli pour que les LED ne se distinguent plus. Il faudra aussi faire attention à leur indice de rendu de couleur (IRC), compris entre 0 et 100, qui a pour objectif de rendre compte de la manière dont cette lumière va restituer les couleurs d’un objet.

Tout ceci est parfaitement illustré par les photos ci-dessous. Ce type de plan serré (macro) demande beaucoup de lumière. Il faut fermer le diaphragme de l’appareil photo pour conserver un minimum de profondeur de champ. Peu de lumière pénètre donc dans l’appareil.

Aménager son atelier : un studio de menuiserie, lumière sur zoom

Le gros projecteur ne peut pas éclairer en direct, car les ombres seraient trop nettes. Il est donc dirigé vers le plafond et les dernières ombres sont débouchées par un petit panneau LED portatif. Dans cette situation, le confort de prise de vue est aussi un confort pour l’opérateur, mes mains, la lime, ne font pas d’ombre sur la zone de travail !

Aménager son atelier : un studio de menuiserie, multiplier les sources de lumière

Je termine ce paragraphe sur l’éclairage en vous suggérant de ne pas placer tout votre éclairage en zénithal (au plafond vers le sol). Un panneau LED comme celui placé au-dessus de ma dégauchisseuse permet de créer un léger contre, voire peut donner l’impression d’une fenêtre.

Note : un atelier qui n’aurait que des néons comme source lumineuse est potentiellement dangereux. Les néons clignotent à la fréquence de 50 Hz, ce qui signifie que par un phénomène stroboscopique, il peut donner l’impression qu’un outil est arrêté alors qu’il tourne (pensez aux roues d’une calèche qui, filmées au cinéma à 25 images/seconde, peuvent donner l’impression de s’arrêter ou même de tourner à l’envers).

L’atelier du prof

Pour vous parler de l’atelier du prof, je propose de vous présenter deux éléments de ma formation qui permettent de proposer des solutions pour tout faire avec de l’outillage électroportatif. L’un des premiers axes de travail est évidemment l’organisation de l’atelier, or vous l’aurez compris en me lisant, au cœur de l’atelier, je place l’établi. Il doit être capable de fixer les bois selon toutes les orientations. J’ai en ma possession un tel établi. Cependant, s’agissant de rendre autonomes des menuisiers en herbe ne possédant que de l’outillage électroportatif, je me dois de trouver des solutions simples et peu coûteuses. J’ai donc développé un établi polyvalent, réalisé en panneau de MDF. Il n’est pas suffisamment massif pour être utilisé avec des outils à main, mais il est idéal pour l’outillage électroportatif.

Aménager son atelier : un établi polyvalent

Son organisation générale est simple. À gauche une colonne de tiroirs permet de ranger les boîtes de l’outillage électroportatif. En haut à droite une alcôve permet de stocker provisoirement les outils utilisés pour le projet. Défonceuse, scie circulaire, visseuse ou même scie sauteuse peuvent y être posées sans encombrer la surface de travail. En bas à droite un grand logement ouvert des deux côtés permet de stocker des éléments de dimension plus importante. J’y place ma pompe à vide, mais ce logement peut également accueillir un aspirateur.

Le dessus mesure 1,20 m par 0,60 afin d’être facilement découpé dans la largeur d’un panneau. Il est pourvu d’un réseau de trous de Ø 20 mm. Il est donc aisé de fixer à plat sur le dessus de cet établi. En façade, un rail aluminium permet l’immobilisation des bois aussi bien sur champs qu’à la verticale. Sur le côté gauche, il est possible de fixer une extension (dans mon cas, une table de défonceuse).

Aménager son atelier : un établi polyvalent, table de défonceuse

À l’arrière, un support vertical permet d’utiliser ma presse à dépression. Vous avez ici une combinaison parfaite dès que vous avez besoin de fixer à plat sans être gêné par un serre-joint. La fabrication de cette presse à dépression a déjà été détaillée dans Le Bouvet.

Aménager son atelier : un établi polyvalent (MDF…)

Remarquez également l’ajout d’une potence afin que l’utilisation de cet établi gagne encore en ergonomie. Celle-ci porte aussi bien les câbles électriques que le tuyau d’aspirateur. Elle vient simplement se glisser dans l’un des trous du plateau. À la verticale, il s’agit d’un tube d’évacuation d’eau de 40 mm tandis qu’à l’horizontale, c’est une gaine électrique de 20 mm, les deux en PVC. Les crochets porteurs fixés sur la gaine électrique sont réalisés par thermoformage d’une petite bande découpée dans un tube de 100 mm. L’ensemble est souple, mais pas trop : il peut tourner autour de son axe, ce qui rend ce petit accessoire agréable à utiliser.

Aménager son atelier : un établi polyvalent, potence pour câbles électriques et aspiration

Cet établi est utilisé lors du tournage de la plupart de mes vidéos de formation.

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