Épisode 2 : La machine à l'atelier

Pour ce deuxième épisode de notre rendez-vous, vous découvrirez l’installation de votre machine à l’atelier. Comment prendre en compte les différents désagréments ? Comment agencer et préparer son atelier ? Connaitre les différentes règles de sécurité et enfin, installer sa machine.

  • Bruit, poussières et autres désagréments

    L’atelier est un lieu de travail qui engendre du bruit et des poussières. On mettra donc en place des panneaux d’isolation acoustique pour mur et plafond et l’on installera des double-vitrages qui limiteront les nuisances au voisinage. Pour ce qui concerne les poussières, il n’y a hélas pas de solution idéale. Prévoyez au minimum une aération naturelle par les portes et fenêtres. l’aspirateur, qui se trouvera de préférence dans un local extérieur, n’est pas suffisant pour absorber et évacuer toutes les poussières. La ventilation mécanique filtrée peut réduire à un moment donné un excès de poussières, mais son usage lors de la présence de l’opérateur n’est pas, à mon sens, à conseiller. Si vous êtes intéressé par ce système – car lors de son fonctionnement vous pouvez toujours aller faire un tour au jardin ! –, sachez que ces appareils se fixent en général au plafond et sont au catalogue de certains vépécistes.


    Dans certains cas, les capteurs à copeaux ne sont pas efficaces.

    Je pense que le problème des émissions de poussières est à résoudre en grande partie à la source (sortie des machines) en perfectionnant davantage les capteurs. En ce sens, laissons travailler les bureaux d’études et techniciens qui ont déjà beaucoup œuvré ces dernières années pour améliorer notre sécurité.

    Selon votre situation géographique, le chauffage n’est pas à négliger. Du fait de la présence de copeaux et de sciure, on évitera les appareils à flamme ou à résistance apparente pour leur préférer un chauffage central ou des radiateurs à bain d’huile. Toutefois, si vous désirez brûler les résidus de bois (chutes et copeaux), vous pouvez utiliser un fourneau spécifique à copeaux. Attention à ne pas utiliser d’appareils inadaptés à cet usage : les implosions dues à une condensation de gaz sont à redouter.

    L’humidité est un fléau qu’il faut à tout prix combattre pour le bien de l’outillage, du stock de bois et des ouvrages en préparation. Chauffage, ventilation, aération et déshumidificateur vous y aideront. Un conseil : glissez des sachets de silicate (absorbeur d’humidité) dans les coffrets de fers ou d’outils, un court passage de temps en temps aux microondes vous donne la possibilité de les réutiliser. Ces petits sachets se trouvent par exemple dans les boîtes à chaussures ou dans les emballages de matériel électrique et électronique.

  • Agencement de l’atelier

    Une fois la commande de la combinée passée, après mûre réflexion et en connaissance de cause, vient le moment tant attendu de sa réception. Vous avez déjà réfléchi à l’emplacement de la machine, à son orientation. Si vous n’êtes pas certain de votre implantation, voici quelques réflexions supplémentaires basées sur un atelier de taille moyenne de 5 x 9 m, accueillant une combinée « 310 RLX » 5 opérations avec un chariot de 2,50 m (voyez le plan d’implantation ci-dessous). Bien évidemment, vous adapterez ces conseils à vos contraintes, sans oublier qu’un atelier doit être évolutif !

    Choix de l’emplacement

    La documentation technique de votre machine vous donne son encombrement, elle est d’une aide précieuse. Plutôt que de valser avec votre machine au milieu de l’atelier pour définir sa place idéale – ce qui n’est pas chose facile ! –, découpez des cartons à l’échelle 1/10e de votre ou de vos machines, que vous placez sur un plan de votre atelier à la même échelle.

    En tenant compte du cadre et de sa règle déployée, centrez-la combinée dans le milieu de la largeur, ou légèrement excentrée. Si c’est possible, positionnez l’entrée de la dégauchisseuse face à une ouverture (porte).


    La combinée dans l’atelier, face à une large porte :
    une configuration qui permet d’usiner sans souci
    de très longues pièces de bois.

    Dans l’autre sens, la longueur, si vous avez la chance d’avoir cette fameuse ouverture, placez la combinée à environ 3 m de la porte (chariot en position centrée). L’avantage de l’emplacement face à une porte dans ce type d’atelier est de permettre, machine excentrée vers la porte ouverte, de passer à la circulaire ou en dégau-rabo de très longues pièces de bois. La combinée ainsi excentrée dans la longueur permet de récupérer les pièces à la sortie et de laisser plus de place aux autres machines dans l’atelier (scie à ruban, mortaiseuse, tour, scie radiale…).


    Plan d’implantation d’un atelier de taille moyenne, idéalement équipé.

  • Préparation de l’atelier

    1 – L’alimentation électrique

    La combinée étant virtuellement située, vous pouvez maintenant envisager son alimentation électrique. Les risques d’électrocution (dus au piétinement fréquent d’un câble) et les risques de chute ne sont pas à négliger dans un atelier ! La meilleure solution est de passer le câble d’alimentation dans une gaine et d’encastrer le tout dans une saignée au sol. Rebouchez ensuite proprement cette saignée.

    Les câbles électriques ne doivent jamais être laissés sans protection à même le sol (faute de mieux, prévoyez gaine et pont protecteur approprié). Prévoyez un câble de 2,5 mm2 à 3 ou 4 conducteurs, selon les moteurs choisis (220 V ou 380 V).Votre compteur EDF doit présenter une intensité minimale de 15 A pour des moteurs 380 V tri et de 30 A pour des moteurs 220 V. Si besoin, faites appel à un agent EDF, seul habilité à intervenir en amont de votre compteur. La protection de la ligne doit être assurée par un disjoncteur différentiel de 30 mA.

    Un jour, sans doute, vous brancherez un projecteur halogène,un aspirateur ou tout autre appareil sur votre combinée. Aussi, n’hésitez pas à passer dès à présent un câble supplémentaire d’alimentation avec une prise 220 V. Prévoyez également sur les murs de l’atelier les prises de courant qui alimenteront les machines actuelles et futures, il n’y en à jamais en trop ! Enfin, certaines prises étant souvent sollicitées, pensez à votre dos en les plaçant à environ 1,10 m du sol.


    Les prises de courant, placées à environ 1,10 m
    du sol, économiseront votre dos !

    2 – L’évacuation des copeaux

    Toujours dans le souci d’accroître votre sécurité, mais aussi leur longévité, les tuyaux de raccordement à une centrale d’aspiration des copeaux seront suspendus. Cette centrale sera de préférence placée à l’extérieur de l’atelier, afin d’y limiter au maximum la présence de fines et dangereuses particules rejetées par le filtre. Une prise spécifique (en vente sur catalogues) branchée entre l’aspirateur et la combinée commande la mise en fonctionnement de l’aspirateur quelques instants avant la combinée et inversement lors de l’arrêt. C’est très pratique, et cela évite le bourrage des copeaux en cas d’oubli de mise en marche de l’aspirateur.


    Le tuyau de raccordement à une centrale d’aspiration, placée à l’extérieur.


    Afin d’éviter qu’il ne gêne, le tuyau est idéalement suspendu.
    Une chute de tuyau en PVC formée à chaud sert de suspension amovible.

    3 – L’éclairage et les prises de courant

    L’éclairage a toute son importance ! Les boîtiers à double-tubes, dit « à éclairage du jour », vous apporteront ainsi un confort de travail véritable, notamment lors des réglages.

    Notre modèle d’atelier est desservi par une rangée de quatre double tubes de 18 W, commandée par moitiés par deux interrupteurs différents. Cet éclairage apporte à tout moment la lumière artificielle suffisante, sans zone sombre. Evidemment, la lumière du jour, fournie dans notre modèle par trois fenêtres et une large porte en partie vitrée, est un plus appréciable.


    Un éclairage efficace doit vous éviter toute zone d’ombre.

    4 – L’établi

    Prévoyez dès à présent l’emplacement de votre établi, si possible à proximité d’une fenêtre et d’une prise de courant. Il n’a certes plus autant d’importance que par le passé, mais il est toujours aussi indispensable pour les opérations de ponçage, la retouche d’assemblage, le montage des meubles et parfois le stockage provisoire des planches. Reportez-vous une nouvelle fois au plan d’implantation.

  • Règles générales de sécurtié

    De plus en plus d’amateurs s’adonnent au travail du bois et trouvent sur le marché des machines neuves bénéficiant des normes de sécurité récentes. Dans ce cas, aucun problème, mais il faut par contre être méfiant avec le marché de l’occasion. En effet, si le professionnel est reconnu par le code du travail légalement responsable du matériel qu’il revend, ce n’est pas du tout le cas dans le domaine privé ! Vous êtes seul responsable de vos acquisitions. Aussi, si vous achetez ou héritez de machines anciennes avec de l’outillage ancien, vous devez absolument vérifier que tout est en ordre (carters de protection, arrêt coup de poing, frein moteur, outils à limitation de rejet…). À ce sujet, vous pouvez consulter les publications de L’INRS (Institut national de Recherche et de Sécurité) en vous adressant au service prévention de la CRAM de votre circonscription (Caisse Régionale d’Assurance Maladie). Ces publications sous forme de fiches pratiques de sécurité représentent un excellent support pédagogique et méritent d’être consultées.


    Des outils qui coupent mal sont dangereux !
    Affûtez régulièrement les vôtres.

    Faire le tour de toutes les consignes de sécurité d’utilisation de machines à bois s’avèrerait un peu rébarbatif et ce n’est pas ici le lieu. Reportez-vous plutôt au manuel d’accompagnement de votre combinée qui les donne, la réglementation l’y obligeant. Cependant, je souhaite vous livrer quelques réflexions basées sur mon expérience et qui méritent quelques instants de lecture :

    • la sécurité est avant tout une affaire de bon sens. Elle vous responsabilise vis-à-vis de vous-même, mais également vis-à-vis de toute personne pénétrant dans votre atelier ;
    • les enfants ne sont pas les bienvenus à l’atelier, ce sont des touche-à-tout et les boutons de commande des machines sont souvent à leur portée ;
    • un bois éjecté, cela arrive rarement, mais toujours au mauvais moment et au mauvais endroit… Alors gare aux spectateurs ! Il en va de même pour les animaux qui sont imprévisibles et peuvent vous surprendre à tout moment ;
    • les tables des machines ne doivent pas servir de lieu de stockage de bois ou d’outils ;
    • le sol ne doit pas être encombré de copeaux ou d’objets divers, qui constitueraient autant de risques de chute, pouvant être graves de conséquences ;
    • on demande souvent de l’attention envers les outils coupants, mais les outils qui coupent mal sont encore plus dangereux ;
    • une table de machine qui glisse mal (je pense notamment à celle de la dégauchisseuse), présente un danger sournois car cela vient progressivement. Entretien et produit de glisse y remédient facilement, comme nous le verrons plus loin ;
    • la mise en marche d’une machine doit être raisonnée : le bouton sélecteur est-il orienté sur le bon poste de travail ? La vitesse de rotation est-elle adaptée au diamètre de l’outil ? L’outil est-il monté dans le bon sens ? Est-il bien serré ? Rien ne gênait-il sa libre rotation ? Les guides sont-ils bien bloqués ? Les protections sont-elles correctement en place et serrées ? Cette série de questions doit absolument devenir une gymnastique habituelle ;
    • par habitude, un faux sentiment de sécurité s’installe. Les doigts se rapprochent progressivement des outils. On ne remet plus en place un carter de protection pour une opération qui ne prend que quelques secondes. Méfiance : il est grand temps de se remettre en cause !
  • Réception et installation de la machine

    La livraison, l’installation et le branchement électrique de votre machine à bois sont à la charge du revendeur. Mais attention, quand on vous parle de branchement électrique, n’allez pas vous imaginer que votre revendeur va tirer une ligne depuis votre tableau d’alimentation, du moins pas gratuitement. Il s’agit simplement du branchement du câble que vous avez tiré à proximité du boîtier de connexion de votre combinée. Cependant, si vous n’êtes pas du tout électricien et que tirer une ligne avec protection selon les normes vous pose problème, négociez ce service supplémentaire lors de l’achat chez votre revendeur. Faites-lui mentionner par écrit cet accord qui pourrait avoir été oublié, quelques semaines après la commande. Si vous vous sentez de taille, vous pouvez mettre de niveau votre machine et faire son branchement vous-même. En effet, les livreurs sont toujours pressés par le temps et risquent de ne pas prendre autant de précaution que vous. Dans ce cas, demandez que l’on vous laisse un transpalette, il vous sera utile pour la mise en place à l’endroit exact que vous avez déterminé. Avant le départ des livreurs, vérifiez qu’il n’y a pas d’anomalies visibles (rayures, déchirures ou perforations des emballages).

    Mentionnez toute anomalie sur le bordereau de livraison de votre revendeur.

    Déballage

    Tout en consultant la fiche d’identification du constructeur, faites l’inventaire des accessoires et matériels commandés, vérifiez qu’ils sont en bon état, mettez-les de côté pour le moment. Retirez ensuite la palette de transport qui est certainement vissée à la machine. Chez Lurem, le manuel d’utilisation fourni détaillait la procédure.

    Mise à niveau

    En fonction de la qualité du sol et avant le réglage des vérins (vis) de mise à niveau, glissez entre eux et le sol des platines en acier (fers plats de 50 x 50 x 4 mm sur lesquels vous collez recto-verso une fine plaque de caoutchouc). Le but est d’éviter tout déréglage futur par pénétration des têtes de vérin dans le sol et de limiter la transmission des vibrations.


    Une règle métallique de maçon ainsi qu’un niveau à bulles
    vous permettront de mettre efficacement votre machine de niveau.

    Procédure

    Dégraissez les tables en fonte qui en sont garnies pour leur protection contre l’oxydation. Un chiffon imbibé de pétrole désaromatisé ou de solvant fera l’affaire. Posez, dans le sens de la longueur sur les tables de dégauchissage, une règle en aluminium d’environ 1,50 m (par exemple une règle de maçon) en vous assurant que l’arbre porte-fers présente une partie lisse, sans fer. Vérifiez à l’aide de cette règle que la table d’entrée est bien à la même hauteur que la table de sortie, sinon réglez la table d’entrée à l’aide de la poignée dédiée. Placez un niveau sur la règle et, par action sur les vis à la base de la machine, faites un premier réglage de mise à niveau. Pivotez la règle et le niveau de 90° pour effectuer le second réglage. Répétez l’opération plusieurs fois si nécessaire. Quand la machine est parfaitement de niveau, vérifiez que tous les vérins (vis) sont en appui sur les platines et bloquez les contre-écrous.

    Branchement électrique

    Avant tout branchement, disjonctez du réseau la partie concernée. Ouvrez le boîtier de connexion. Il n’y a rien ici de compliqué et la notice technique de votre machine vous y aidera. Si votre alimentation est en 380 V, vous trouvez quatre fils à brancher, dont un de terre de couleur jaune et vert. En alimentation 220 V, vous avez trois fils à brancher, dont celui de terre. Assurez-vous que la connexion est bonne, bien dégainée et serrée. Comme évoqué précédemment, l’ajout d’une prise 220 V, alimentée et protégée par une autre ligne à proximité du boîtier, sera utile au branchement d’un aspirateur ou d’un autre matériel, pensez-y maintenant.


    Le boîtier électrique de la combinée : vous devez assimiler la connectique.

    Précautions avant mise en marche

    Avant la mise en marche, assurez-vous du bon serrage des outils montés d’usine (lame de scie circulaire et fers de dégauchissage). Attention : contrairement à l’habitude, la lame de scie circulaire se bloque dans le sens antihoraire ! Ne vous laissez pas surprendre et portez des gants en cuir.

    Vérifiez manuellement la libre rotation des arbres. Vérifiez également que les tables ne sont pas encombrées d’outils divers ou d’accessoires et que l’arbre de toupie est bien nu de bague et d’outil.


    Vérifiez le serrage des outils montés sur votre machine.
    Attention : la lame de la circulaire se bloque dans le sens anti-horaire !

    Attention : si vous avez des moteurs alimentés en 380 V, il est possible qu’ils tournent à l’envers. Vous devez donc faire une brève mise en marche et vérifier le sens de rotation (la toupie se prête bien à cet essai). En cas d’inversion du sens de rotation, il suffit d’inverser deux phases à votre câble sur votre tableau d’alimentation ou au boîtier de connexion. Naturellement, n’oubliez pas de disjoncter le circuit lors de cette intervention. Vérifiez ensuite le sens de rotation des autres moteurs. Les moteurs alimentés en 220 V ne sont pas concernés par ce problème de sens de rotation.

    Règle absolue :

    Ne jamais forcer le serrage des vis de maintien des outils. Les clés et poignées de réglage livrées avec le matériel sont étudiées pour donner le couple de serrage nécessaire en usage normal, c’est-à-dire sans allonge du bras de levier.

    Mise en place des protections et accessoires

    Étant donné que nous avons retiré le film gras de protection et que les tables sont nues, il est temps d’y déposer une nouvelle pellicule de produit. Elle protégera de la corrosion et surtout permettra au bois de glisser sans effort. Pour ma part, j’utilise avec entière satisfaction du Kity Speed, une sorte de graisse de couleur grise, en pot, que l’on étale au chiffon de coton. On trouve également différents produits en aérosol, plus pratiques et rapides à utiliser, mais, à mon avis, moins efficaces dans la durée.

    Paré à usiner !

    Vous pouvez à présent faire connaissance avec les divers accessoires de votre machine à bois en les manipulant et en les positionnant (guides, allonges, règle…). Mais avant de procéder aux premiers essais, nous allons dresser une liste d’outils de coupe pratiquement indispensables au bon déroulement des opérations et voir leurs conditions d’utilisation.


    Divers produits, en aérosols ou sous forme de graisse,
    protégeront les tables de votre machine de la corrosion
    tout en facilitant le glissement du bois.