Ateliers des Lecteurs : l'atelier de Jean

Descriptif: 
Il a été construit spécifiquement et entièrement par mes soins, j’ai donc prévu mon atelier pour qu’il soit fonctionnel, aéré et lumineux. Ses dimensions intérieures sont de 12,2 x 5,15 m, avec un plafond en pente assez importante (hauteur de 3,30 m d’un côté, 1,90 m de l’autre). Les fenêtres et porte-fenêtre à double vitrage sont de récupération et la porte d’entrée en châtaignier (double vitrage elle aussi) réalisée par mes soins. Une porte arrière permet l’accès au stock de bois… et à mon fouillis ! J’ai estimé le prix de revient entre 7 000 et 7 500 €. Le coût annuel d’exploitation est de l’ordre de 300 €, la part consacrée au chauffage au fioul constituant quelques 90 %.
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Sommaire: 

L’IMPLANTATION DES MACHINES

(Note : les trois images ci-dessous, de très grand format, sont un peu longues à s'agrandir si vous cliquez dessus, soyez patient)

J’ai optimisé l’implantation des machines et aménagements à l’intérieur de mon atelier. En entrant par la porte, sur la gauche se trouve tout de suite mon établi de mécanicien avec tout son environnement, ainsi que le tableau électrique alimenté en 220 V monophasé avec 1 interrupteur différentiel et 8 disjoncteurs calibrés selon le besoin. Mon établi de menuiserie se trouve entre une porte-fenêtre et une fenêtre au nord : je profite ainsi d’un espace maximal en hauteur et en largeur ainsi que d’une lumière maximale elle aussi. Juste devant se trouve ma table d’assemblage et ma dégau-rabo. Ma scie à ruban, ma toupie et ma table de défonceuse se trouvent du côté où le plafond est le plus bas, mais cela ne me pose pas souci : on passe rarement (ou jamais) de pièces hautes sur ces machines. Côté pignon ouest se trouve un espace toilette/lavabo et un bureau où j’effectue le travail de CAO sur ordinateur et où je rassemble toute ma documentation. A gauche de la porte, un caisson « étanche » contient une radio et un lecteur CD. Un bahut et un placard mural en châtaignier, réalisés il y a six ans, m’offrent de bons espaces de rangement.

Note : beaucoup de mes réalisations sont en châtaignier, car il m’en a été donné sur pied. J’en ai ainsi abattu presque 9 stères qui ne m’ont couté que le sciage à la scierie voisine. Il m’est resté 6,3 m3 exploitables en plots.

J’ai mis en place un éclairage par tubes au néon au plafond, que j’ai complété par des spots 150 W spécifiques sur ma toupie, sur ma table de défonceuse, sur mon tour et sur mon établi menuisier (autant de postes où il est primordial de voir très clair !).

  • Mon établi

Mon établi de menuiserie est ma première réalisation. Le piètement est en hêtre échauffé et le plateau en platane. Deux tiroirs m’ont donné l’occasion de mettre en œuvre la fraise dédiée (à ce moment là, je n’avais pas de toupie). Les mortaises sont également faites à la défonceuse : fraise hélicoïdale et fraise à copier pour les mortaises de 80 mm de profondeur.

  • Ma table de défonceuse

Entièrement réalisée par mes soins, ma table de défonceuse prend en charge mes deux modules Festool de scie circulaire et de défonceuse. Je l’ai bâtie à partir de profilés aluminium filés standards, rigoureusement assemblés pour former un plan rigide. Le chariot (Festool) est guidé par un rail sur patins très précis et très doux à manipuler (fournisseur Igus, réf Drylin NK-02-40). J’ai conçu et adapté la butée de mise à longueur en fonction. L’aspirateur Festool est toujours couplé au module en cours d’utilisation. L’ensemble est monté sur un ancien piètement de traceur à plume recoupé à bonne hauteur. J’ai ajouté un contacteur avec arrêt coup de poing au genou. Le coût total est d’environ 120 € hors matériel Festool.

  • Ma dégau-rabo

Pour acheter ma dégau-rabo, je me suis surtout intéressé à la longueur des tables. Las ! Ma machine a été livrée avec ces dernières non réglées ! J’ai franchement galéré pour les aligner : la table fixe n’était pas alignée avec l’axe de l’arbre et la mobile était gauche (je pense à celui qui, comme moi, vient de dépenser 2 200€ et qui ne parvient pas à sortir un bois correct, sans savoir pourquoi). Dans mon malheur, la table de rabotage était parfaite, ouf !

J’en profite pour demander si quelqu’un connait un système simple et efficace (précis) pour régler les fers. En effet je possède un tripode à aimants acheté chez le vépéciste Outillage2000, mais on le trouve ailleurs. Je trouve ce dispositif assez inefficace, son réglage n’étant pas reproductible. Le fer à cheval (à priori en PA6.6 armé) n’est pas assez rigide.

  • Ma toupie

De construction robuste, ma toupie de marque Leman ne m’a jamais fait défaut. Précise, elle a une course verticale de 100 mm. Un bémol : son arbre de descend pas assez bas pour chanfreiner à 45° (il manque 3 mm !). J’ai donc dû me prendre par la main – sans râler, ça ne sert à rien – et modifier le système, ce qui ne fut au demeurant pas très difficile.

Pour le chariot, c’est autre chose ! C’est dramatique à mes yeux : j’ai passé environ une quarantaine d’heures à le modifier et je n’ai toujours pas compris pourquoi il était initialement aussi mal conçu. Le même chariot est à ma connaissance à l’œuvre dans d’autres marques. J’ai toujours une pensée pour les malheureux qui doivent faire avec !

En plus de la modification récente du chariot, j’ai ajouté un guidage à billes ainsi qu’une jambe de force. C’est un travail de précision d’alignement, mais le résultat est à la hauteur !

  • Mon tour et ma perceuse/fraiseuse

Entre la porte d’entrée (à droite) et la porte-fenêtre (à gauche), j’ai calé mon tour à métaux et ma perceuse/fraiseuse. Avec ses 400 mm entre pointes, le premier me sert occasionnellement de tour à bois. La seconde m’assiste énormément dans tous les montages que je suis amené à réaliser. Bien entendu le support de tour et le placard sont de ma fabrication : c’étaient mes premiers chapeaux de gendarme, il y a des « couacs » ! J’ai enrichi un peu mon savoir-faire depuis.

J’ai eu l’occasion d’acheter une tête de mortaisage que j’ai adaptée sur ma fraiseuse, en usinant une bague épaulée en alu que je peux fixer rapidement sur la broche. Le déplacement en X et Y par les tables permet une précision maximale.

Sur la photo ci-contre, je travaille de façon répétitive, avec butée de positionnement. Cela va sans doute hérisser les cheveux des menuisiers professionnels ! Mais j’obtiens de bons résultats et le ponçage des désaffleurs lors des assemblages est insignifiant.

  • Mon établi de mécanicien

Mon établi de mécanicien sert de support à une petite perceuse à colonne, très pratique lorsque la « grande » est réglée en fraisage. Mais sa précision est limitée.

  • Ma scie à ruban

Ma scie à ruban Dewalt 310 prend place à côté de ma chaudière fonte (que j’ai récupérée). Cette dernière alimente deux radiateurs : l’un à gauche de la chaudière et l’autre à l’angle opposé de l’atelier, sous une fenêtre. Sur le côté droit de cette même photo, on voit la porte qui mène à l’extérieur de l’atelier, vers mon stock de bois et… les lames de scie que je n’arrive plus à plier (honte à moi). On aperçoit aussi mon bac à chutes, lesquelles servent à allumer la cheminée à la maison.

J’ai fortement modifié ma scie à ruban. J’ai installé des raidisseurs en bois sous la table, un levier de manœuvre du monte/baisse (peu esthétique!) et surtout un guidage de lame. J’ai remplacé les patins par des roulements à billes : deux fois deux roulements maintiennent et guident la lame et un autre à l’arrière actionne la poussée. Idem en bas. Ainsi modifiée, ma scie à ruban peut couper sur 125 mm de haut par 2 mm de large, avec un parallélisme parfait.

  • Mon stock de bois

À ce jour, j’ai en réserve environ 2 m3 de châtaignier, 1,2 m3 de chêne, 0,4 m3 de hêtre, 0,3 m3 de merisier, 0,4 m3 de frêne. Tout ceci en planches de diverses épaisseurs. Le chêne est destiné à réaliser trois portes-fenêtres pour ma maison, en double vitrage. J’achète auprès de professionnels et de particuliers. Ayant eu des déboires par le passé, je fais particulièrement attention aujourd’hui à mes achats, mais rien n’est jamais gagné pour autant.

 

SUITE DES OPÉRATIONS

Je propose maintenant de montrer, essentiellement en images, comment je mène la plupart des opérations dans mon atelier.

- Traçage et marquage des parties à supprimer, d’après plan de détail et ensemble perspective, avec des outils classiques.

- Réalisation d’une feuillure à la défonceuse montée sous table, dans son module (le presseur est relevé).

- Usinage d’une plate-bande à la toupie, selon la fiche de réglage profil/contre-profil.

- Réalisation d’une feuillure (oubliée), à la défonceuse Festool montée sur rail.

- Je l’ai dit plus haut : je tourne un peu, tant le métal que le bois, sur mon tour à métaux. Ce n’est pas idéal, mais j’arrive à faire ce dont j’ai besoin. La photo ci-dessous montre l’usinage d’une pièce partiellement circulaire.

- Feuillurage et fraisage à la fraiseuse.

- Réalisation d’une coupe d’onglet à 45°. Peut-être n’ai-je pas tout compris, car cela reste pour moi une tâche particulièrement difficile. Le seul résultat impeccable que j’arrive à obtenir, c’est en travaillant avec ma scie circulaire Festool montée sous table. À l’aide de deux écrous en T (que j’ai usinés), je fixe une règle sur la table. L’angle de 45° s’obtient par tâtonnements, je n’ai ensuite plus qu’à brider le bois et je tire sur le chariot. J’obtiens ainsi des assemblages de porte quasi parfaits ! Ma scie à onglets Metabo est hélas loin de me donner un tel résultat… Peut-être sa variante Festool à 1300 € le permettrait !

- Ponçage au cylindre : je me suis fabriqué cette machine « maison » à partir d’un vieux moteur de bétonnière, en adaptant un mandrin sur l’arbre.

- Usinage de queues d’aronde : le montage est « maison », seul le peigne (Festool) est acheté. Le résultat est toujours spectaculaire en précision, la difficulté réside dans le réglage de la profondeur de fraise, même avec une défonceuse OF 1010 !

- J’ai usiné cette corniche avec des fers de forme, usinés spécifiquement par mes soins. J’ai passé la pièce sur toupie, avec le porte-outils de 90, en faisant une première passe sur les 3 morceaux séparés. L’assemblage est réalisé de façon à former un rectangle rigide. J’ai ensuite dégrossi les extrémités de la pièce avant à la râpe, puis l’ensemble est repassé à la toupie en 2 passes fines. Les éclats dus au débouchage de l’outil sur le longeron seront éliminés en faisant l’arrondi à la main.

Un mot sur la fabrication de fers : j’achète un fer plat de 50 x 3 mm, dont la dureté se situe à 90 dcan/mm2 environ. Je coupe à la scie à main le rectangle enveloppe, puis à la fraiseuse, après pointage, je perce le premier trou au Ø 5,9, puis alésage à 6H7, ensuite déplacement de 24 mm et idem : le résultat est parfait. Je conçois le profil du fer en CAO, sur ordinateur, puis je l’imprime sur une feuille de papier à l’échelle 1. Je reporte au crayon ce tracé sur le fer, puis j’usine à la meuleuse d’abord, puis à la mini-perceuse (Dremel). Je finis à la lime diamantée (je ne garantis pas la précision de l’angle de coupe !). Je ne taille qu’un fer : le deuxième est simplement là pour équilibrer le porte-outil. Pour la mise en œuvre, je passe la vitesse de l’arbre à 9000 tr/mn, afin de conserver une vitesse de coupe à peu près correcte. Malgré cela, je dois reconnaître que ça brûle un peu, ce qui nécessite plus de ponçage ! Mais le prix de revient n’est que de l’ordre de quelques euros. Pour le porte-outil de 90 j’utilise du plat de 50 x 5 mm avec la même méthodologie.

- Place à la finition : je travaille au pistolet basse pression, dans une cabine improvisée. Ponçage au 400, deux couches de teinte à l’alcool avec égrenage (60 /40 chêne foncé/merisier) et deux couches de vernis polyuréthane avec égrenage au 600 !

Sur le meuble montré en photo, je n’ai pas été satisfait du résultat : la teinte n’était pas homogène et trop foncée à mon gout. Peut beaucoup mieux faire, mais je ne sais pas comment. Pourtant je connais presque par cœur le hors-série n°2 de BOIS+ consacré aux finitions ! Il est particulièrement bien détaillé je trouve. Mais la fabrication d’une teinte est hélas rarement abordée dans les livres… sauf dans Trucs et Procédés du Bois de J.-P. Coutrait, mais là, c’est trop technique pour moi !

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