Ateliers des Lecteurs : l'atelier de Pierre

Descriptif: 
Mon atelier est situé dans le sous-sol de mon pavillon, que j’ai en partie annexé, sur 50 m2. C’est tout juste suffisant, d’autant plus que le plafond est à 2,20 m, ce qui implique un peu de manutention délicate quand j’assemble des pièces longues. J’ai réservé de la place autour de ma dégau-rabo et de ma scie à ruban pour pouvoir raccorder mon aspirateur à copeaux et m’y déplacer à l’aise. Mon établi est placé près de la fenêtre, pour bénéficier de la lumière naturelle, le reste de mon atelier étant éclairé par des rampes fluorescentes. J’ai privilégié des systèmes simples pour le support des outils, généralement des morceaux de tube métallique scellés directement dans le mur. C’est efficace et très robuste. Au fond de mon royaume, j’ai mis en place un espace « mécanique » où je peux usiner mes outils, souder, et affûter mes gouges et ciseaux. Je pratique le démorfilage à la pierre à huile ou à eau. Cela permet de réaliser des affûtages intermédiaires et de faire durer les outils, la meule étant plutôt gourmande !
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Sommaire: 

PRÉSENTATION

Aussi loin que je me rappelle, je revois mon papa dans la petite pièce qu’il avait aménagé en atelier, manier la scie à refendre et la varlope. Je sens encore l’odeur du pin raboté de cette époque et j’empile dans ma mémoire ces souvenirs. Mon père avait fait son apprentissage, dans sa jeunesse, auprès de compagnons confirmés. Il faisait tout à la main. C’est seulement au moment de sa retraite qu’il acheta une toupie Kity et qu’il se bricola une scie sur table. Il n’exerça pas cette discipline en tant que profession, mais seulement en loisir. Il me déconseilla à l’époque d’apprendre ce métier qui, selon lui, n’avait pas d’avenir.

C’est la cinquantaine passée que j’ai repris le flambeau, avec ses deux machines que j’ai fait un peu évoluer, mais surtout en m’équipant d’une dégauchisseuse-raboteuse, qui m’a permis de remiser la varlope au rayon des souvenirs… Quelques stages m’ont fait progresser, notamment en découvrant la défonceuse, outil magique et complet à lui seul, ainsi que le tournage sur bois qui devient jour après jour une passion.

 

1 - VISITE DE MON ATELIER

  • Mon établi

J’ai placé mon établi près de la fenêtre, pour bénéficier de la lumière extérieure. Notez sur la photo ci-dessous ma tenonneuse « maison », fabriquée avec des tasseaux et des chutes de contreplaqué, et ma défonceuse, outil polyvalent que j’apprécie particulièrement… L’autre photo montre une future étagère sous presses, assemblée à l’aide de lamelles.

  • Mon espace rabotage et sciage

Mon espace rabotage et sciage est bien dégagé, ce qui permet de déplacer facilement l’aspirateur à copeaux pour le raccorder aux différentes machines. Un aspirateur est branché sur mon lapidaire.

  • Ma toupie

Sur la photo ci-dessous, le bouton d’arrêt d’urgence posé sur la table de ma toupie va prendre place prochainement en façade de la machine pour être actionné instantanément en cas de besoin. Je vais le raccorder en série avec l’alimentation télémécanique en place sur la machine.

  • Mon tour à bois

J’ai équipé mon tour à bois d’un éclairage supplémentaire, que je trouve essentiel pour avoir une bonne vision des pièces en rotation.

Sur la photo ci-dessous, une sphéreuse est en position sur ma machine, ainsi qu’un mandrin « maison » qui permet de serrer les boules (fabrication d’une boule de canton). Un mandrin de ce type est moins performant que celui présenté par exemple par Roger Pillot dans Le Bouvet n° 158, mais il est plus facile à construire pour le modeste amateur que je suis.

  • Un abri pour le bois

Comme je suis un peu juste en termes de place disponible, j’ai divisé l’espace de mon abri à bois de chauffage pour y loger quelques plateaux et rondins destinés au tour à bois.

  • Mon espace mécanique

Faire ses outils, des usinages, des soudures… autant d’actions importantes auxquelles je dédie mon espace mécanique.

  • Mes accessoires

Dans un atelier, il faut des prises, des panoplies, des supports… J’en ai parlé : les miens sont globalement sommaires, mais ils répondent à mes besoins.

  • Des outils bien affûtés

Des outils qui coupent, c’est 50 % de la réussite du menuisier. Je me suis confectionné deux montages qui me permettent d’affûter mes gouges et mes ciseaux plats.

J’effectue le démorfilage sur pierre, à huile ou à eau.

 

2 - DISPOSER D'UN POINT D'EAU DANS UN LOCAL ENTERRÉ

Combien d’entre nous ont aménagé leur espace dédié au travail du bois dans un sous-sol enterré et sont obligés de remonter à l’étage de leur pavillon pour se laver les mains, le sous-sol ne disposant pas de point d’eau ? Il faut dire que généralement, le tout-à-l’égout se trouve trop haut pour raccorder l’écoulement. Il faut alors faire un puisard, installer une pompe chargée d’évacuer le contenu de cette fosse. C’est un système adapté, mais dont le coût d’installation n’est pas négligeable. Dans mon sous-sol, je n’utilise que de l’eau froide. J’ai mis en place un système de relevage qui fonctionne depuis plusieurs années et me donne entière satisfaction, le tout pour un coût raisonnable.

J’ai mis en œuvre un broyeur. Cet appareil, que l’on installe normalement derrière des WC quand on ne dispose pas d’un accès direct à la canalisation du tout à l’égout, dispose généralement de trois entrées. Je ne l’ai utilisé que pour raccorder un évier, mais rien n’empêche donc d’y ajouter un WC et pourquoi pas une douche (dans le cas d’un WC, il serait tout de même obligatoire de se raccorder sur la canalisation principale du tout-à-l’égout, Ø 100 mm minimum).

Voyons comment fonctionne un broyeur. Les effluents remplissent une cuve située à l’intérieur de l’appareil. Un pressostat (capteur de pression) enregistre le niveau de liquide dans la cuve et déclenche une puissante pompe qui broie et éjecte le contenu de la cuve jusqu’à quatre mètres de hauteur si nécessaire. Cela convient bien dans notre cas puisqu’en général, le tout-à-l’égout d’une maison individuelle se trouve au niveau du plafond du sous-sol quand ce dernier est enterré.

Un broyeur fonctionne par à-coups, chaque fois que le niveau haut de la cuve est atteint. Pour éviter un reflux des eaux de la tuyauterie montante depuis la pompe, il convient d’installer un clapet anti-retour à la sortie de l’appareil (un tel dispositif est généralement fourni avec le broyeur). Ce clapet laisse passer l’eau vers le haut et se ferme ensuite.

  • Matériel nécessaire

- un broyeur ;

- un clapet anti-retour ;

- un évier avec robinetterie, et un meuble du commerce ou de fabrication « maison » (dans ce cas, Le Bouvet va vous aider…). Vous pouvez aussi installer un simple lavabo, je trouve pour ma part que le large bac d’un évier est plus adapté à une utilisation à l’atelier ;

- tuyauteries en PVC de diamètre 40 mm : tuyaux et coudes, avec colle et colliers de serrage ;

- tuyauterie en cuivre ou raccords flexibles selon votre savoir-faire en plomberie ;

- une prise électrique, avec câbles et tubes de protection.

Note : j’ai trouvé mon évier avec son robinet ainsi que mon broyeur sur Internet (en vente sur « Le Bon Coin »). Pour la plomberie et les pièces électriques, j’ai fait appel aux grandes surfaces de bricolage.

Pour soutenir l’évier, j’ai choisi de réaliser un meuble avec un piètement en cornière soudée. Le dessus est composé de panneau de contreplaqué de 20 mm collées dos à dos pour obtenir 40 mm : une épaisseur suffisante pour supporter l’évier. Quelques chutes de stratifié, quelques carreaux sur le mur et le tour est joué !

  • Réalisation

C’est la canalisation du tout-à-l’égout qui va déterminer l’emplacement du broyeur : plus le raccordement sera court, plus la pompe sera efficace. Une fois l’espace défini, l’évier étant posé, on raccorde son siphon au broyeur avec du tube PVC de Ø 40 mm, avec autant de coudes à 45 et 90° que nécessaire. Il faut toujours donner une légère pente (1 cm par mètre de tuyauterie). Les coudes doivent être collés avec de la colle spécifique, adaptée au PVC. Si vous optez pour poser un lavabo plutôt qu’un évier, le tube de sortie du siphon sera de Ø 30 mm, ce qui impliquera de prévoir un raccord 30/40 pour se connecter au broyeur.

On intercale à présent le clapet anti-retour sur la colonne montante d’évacuation. Ce clapet doit être immobilisé avec des colliers de serrage, de la même façon que les raccordements du broyeur. Le raccordement supérieur s’effectue de la même manière : il faut faire très attention à ce que le tuyau en provenance de l’évier soit au-dessus de celui de l’écoulement secondaire, pour interdire aux effluents de couler vers le broyeur. Dans mon cas, j’ai intercalé et collé un raccord en T sur la canalisation en provenance des sanitaires de mon rez-de-chaussée, sur laquelle je me suis raccordé.

L’alimentation en eau a été réalisée avec un tube de 10/12 raccordé sur une tuyauterie à proximité. Remarque : si l’on hésite à utiliser la lampe à souder, on trouve dans le commerce des flexibles et des raccords qui se vissent sur les tuyauteries et permettent de s’affranchir des travaux de plomberie.

L’installation de la prise de courant ne nécessite pas de remarque particulière. Elle est posée avec du câble de 3 x 1,5 mm2, l’emplacement est choisi pour être à l’abri en cas de projections d’eau.

 

3 – SYSTÈME SÉCURITAIRE DE COMMANDE D'UNE MACHINE-OUTIL

La sécurité doit être une préoccupation essentielle quand on travaille dans un atelier. Pour cela, j’ai mis en place un système « maison » spécifique sur ma scie circulaire, en remplacement d’un branchement en direct sur une prise murale. Ce système est muni de boutons poussoirs vert et rouge pour la mise en route et l’arrêt, ainsi que d’un bouton d’arrêt d’urgence très accessible, avec la main ou le genou suivant le besoin ou le problème rencontré. Ce système est transposable à toute machine, ou même à un éclairage sans besoin de bouton d’arrêt d’urgence dans ce dernier cas.

Le matériel nécessaire est facile à se procurer. J’ai trouvé la plupart en grande surface de bricolage et auprès de spécialistes en fournitures électriques (Conrad) :

- un bouton poussoir vert et rouge ;

- un bouton d’arrêt d’urgence ;

- un fusible ou micro disjoncteur 10 A ;

- un relais bipolaire avec deux contacts travail (télérupteur) ;

- un petit boîtier pour le montage du fusible et du relais ;

- une barrette de dominos faisant office de bornier ;

- contreplaqué, chutes de toile bakélisée (Celoron) ou plastique dur, vis et colle ;

- quelques chutes de fils Ø 2,5 mm2 pour le câblage.

Dans un premier temps, il convient de réaliser une boîte où sera implanté le boîtier muni du fusible et du relais. Sur la face avant, on positionne les boutons de commande et celui d’urgence. Cette boîte doit être disposée sur la face de la machine où l’on travaille, afin de pouvoir actionner instantanément le bouton d’arrêt d’urgence. Elle doit présenter des dimensions adaptées à la machine que l’on veut équiper. Pour faciliter le câblage, j’ai disposé une cloison interne que j’ai percée et sur laquelle j’ai fixé mon appareillage.

J’ai réalisé le couvercle de ma boîte en deux parties, afin de faciliter l’accès au câblage et à l’appareillage. La partie droite, en plastique dur (du Celoron de 5 mm), est percée au diamètre des différents boutons poussoirs.

Le câblage s’effectue en dernier, quand tous les éléments sont usinés et fixés, avec du fil souple de section 2,5 mm2. Il est réalisé selon le schéma conventionnel ci-dessous.

LE MOT DE LA FIN

J’ai un atelier modeste, avec des panoplies standards, des supports et établis sans originalité. Mais comme chaque personne qui travaille le bois, j’ai été amené à créer quelques aménagements « maison » afin d’améliorer l’efficacité, la sécurité ou le confort de mon activité. J’espère que vous trouverez dans mes lignes des idées pour faire de même. Pour finir, je souhaite vous présenter mon apprenti, mon petit-fils, à qui j’espère transmettre l’envie de fabriquer des choses de ses mains.

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