Comparatif : les guides de perçage pour vissage oblique

Descriptif: 
Complément au comparatif paru dans le n°49 de BOIS+. Les guides de la marque Kreg, incontournables du domaine, manquaient dans notre comparatif... Le manque est comblé avec cette revue détaillée des deux guides Kreg vendus en France.
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Sommaire: 

Les guides de perçage Kreg

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Comme indiqué dans l’article paru dans BOIS+ n° 49, les guides de perçage oblique Kreg nous étaient parvenus juste à temps pour être insérés dans le tableau, mais trop tard pour les intégrer au texte dans les temps impartis. Les voici donc passés en revue, en suivant peu ou prou le plan de l’article initial pour faciliter la comparaison. 

Le panel

Kreg fabrique à ce jour cinq modèles de guides. Le Mini (comparable au plus petit Milescraft), le R3 (comparable aux Milescraft, Wolfcraft et Triton à deux canons) et le HD (également à deux canons) sont des guides mobiles. Le K4 et le K5 sont des guides stationnaires et existent chacun en deux versions, plus ou moins dotées. En France, la société Bordet importe les deux versions du K4 et le HD. Ce sont ces modèles que nous testons ici (dont le K4 dans sa version de base).

Le HD, un guide mobile bien spécifique

Si l’on n’y prend garde, les illustrations des catalogues ou d’Internet montrent un guide HD apparemment similaire aux autres guides doubles tels que ceux de Triton, Milescraft ou Wolfcraft. Mais il suffit de le poser à côté des autres pour que la différence saute aux yeux !

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Eh oui, on ne joue pas ici dans la même catégorie : cet appareil est prévu pour des vis de Ø 6 mm et non de Ø 4 mm. HD signifie d’ailleurs « heavy duty », autrement dit du costaud, du résistant, bref : du pro ! Le corps du guide est moulé dans l’habituel plastique bleu très dur qui est en quelque sorte l’image de marque de Kreg. Il ne comporte aucune graduation. Les deux canons, chemisés en métal, ont un diamètre intérieur de 12,7 ; les perçages seront donc nettement plus conséquents que ceux réalisés par les autres guides. 

L’engin est très simple, sans réglage de positionnement par rapport au chant de l’ouvrage. Sa butée d’appui sur le chant n’est pas vissée mais simplement emboîtée dans deux rainures en queue d’aronde légèrement coniques, il faudra donc faire attention à ne pas l’égarer. L’ajustement étant serré, il faut en outre frapper légèrement le plastique pour la mettre en place ou la retirer.

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Importante qualité de cet appareil, à l’instar des plus simples des guides précédemment testés, ses canons débouchent directement sur l’ouvrage, plaquant ainsi parfaitement à la périphérie du perçage. On ne rencontrera donc pas ici les problèmes d’éclats autour du trou rencontrés avec de nombreux appareils du banc d’essai.

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La livraison inclut, outre le guide lui-même et son foret, l’habituelle butée de profondeur de perçage (de taille impressionnante, vu le diamètre du foret) et sa clef Allen, un embout de vissage long et quelques spécimens de vis.

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La pince-étau n’étant pas fournie, il faudra soit s’en procurer une séparément, soit utiliser un serre-joint. Quand à la boîte de rangement, on devra s’en passer : il n’y a qu’un carton d’emballage.

Le guide K4 : stationnaire... mais pas seulement !

Le guide K4 est à la base conçu sur le même modèle que la majorité des autres guides stationnaires (et pour cause puisque Kreg est l’inventeur de ce type d’appareil !) : semelle horizontale, canons à la verticale, et immobilisation de l’ouvrage par une sauterelle. Mais sa structure est différente du fait du matériau employé, toujours le même plastique bleu : la semelle fait corps avec le système de coulissement vertical, dans lesquels glisse à convenance le bloc des canons. À l’instar du guide stationnaire Triton, le K4 est donc réglable en hauteur pour s’adapter au mieux à différentes épaisseurs de bois. Une vis moletée en laiton permet d’immobiliser le bloc à hauteur voulue, l’arrière du bloc mobile comportant à cet effet une rangée de perçages superposés, dans lesquels s’engage la vis.

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Le patin de la sauterelle bénéficie d’une course suffisante pour qu’une seule position de celle-ci suffise. On se demande pourquoi les autres fabricants n’y ont pas pensé puisque c’est avant tout une affaire de longueur de tige filetée !

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L’appareil peut comme les autres être vissé sur un support au moyen de quatre trous moulés dans sa semelle. Mais celle-ci comporte en outre vers l’arrière un évidement permettant le bridage avec une pince-étau, livrée de série dans la version plus complète du guide. 

Le tout est complété par un embout d’aspiration qui se clipse à l’arrière de l’appareil. Cet embout ne sera pas d’une grande utilité lorsque le bloc mobile est à la fois levé au-delà de la quatrième position et utilisé sur des pièces étroites : il y aurait alors d’importantes fuites d’air.

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Mais si la dotation du K4 est plus généreuse que celle du HD (notamment pour les vis), ici encore hélas côté rangement, rien de plus qu’une boîte en carton. 

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Le bloc mobile du K4

Le bloc mobile mérite à lui seul un commentaire développé. Première spécificité, ses canons, à espacement fixe comme sur le Triton, sont au nombre de trois, ce qui permet donc trois écartements des perçages (A+B, A+C, B+C). Ces trois canons sont chemisés en un seul bloc noyé dans le plastique ; ce bloc est surfacé pour un contact parfait avec l’ouvrage ; comme avec le HD il n’y aura pas de soucis d’éclats.

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Seconde spécificité, ce bloc est entièrement pensé, conçu, pour une utilisation mobile indépendante (il est d’ailleurs également commercialisé séparément par Kreg). Il suffit pour cela de le retirer de son logement et de le placer à distance voulue du chant de l’ouvrage. Une butée amovible, livrée même dans la version de base du K4, permet alors de le placer rapidement contre le chant, à distance fixe ; cette butée se met en place selon le même principe que celle du Kreg HD décrite ci-dessus.

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Sur le site Internet de Kreg, il est même possible d’acquérir plusieurs butées pour les empiler à la manière d’un jeu de construction afin d’augmenter la distance avec le chant de l’ouvrage.

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Encore mieux, il existe un accessoire complémentaire facilitant le positionnement du bloc à n’importe quelle distance du chant. On obtient alors un vrai guide mobile réglable par rapport au chant de l’ouvrage, comme le sont les guides mobiles doubles Wolfcraft, Milescraft et Triton. Mais contrairement à ces trois dernières marques, le dispositif de Kreg chevauche l’appareil au lieu de glisser par dessous, le contact des canons avec l’ouvrage reste donc parfait. Il n’y a ainsi pas de soucis d’éclats : le principal problème rencontré avec les guides mobiles à canons multiples présentés dans l'article papier est résolu. Cet accessoire complémentaire est inclus dans la version enrichie du guide K4 (raison pour laquelle, disposant de la version de base, je ne l’ai pas testé), mais ne figure hélas pas séparément dans le catalogue Bordet ; il faudra donc soit acheter cette version plus onéreuse de 54€, soit se le procurer séparément Outre-Atlantique (pour 20$).

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Les forets

Les forets fournis avec les deux guides sont manifestement de très belle qualité ; tous deux sont des modèles à empreinte hexagonale, ce qui peut représenter un gain de temps pour alterner entre mèche et embout de vissage avec une douille de changement rapide installée sur la perceuse. Le foret du guide HD est de taille impressionnante si on le compare à tous les autres puisqu’il est de diamètre 12,7 mm - soit 1/2 pouce - et non 9,5 mm (3/8e), et de longueur en proportion. Le foret du K4 est hélas un peu court pour exploiter pleinement la capacité maximale en épaisseur du guide : en position haute du bloc mobile (et au-delà, car il est possible de le tirer au dessus du dernier cran prévu), le perçage ne débouche pas au milieu du chant. À titre indicatif, j’ai photographié, à droite des forets Kreg, celui de Milescraft, pour comparaison de longueur.

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Sur le K4, deux moulages dans la semelle facilitent le réglage de la butée de profondeur du foret.

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Vis et bouchons

Kreg fournit un assortiment limité d’une dizaine de vis avec le HD, mais est plus généreux avec le K4, avec 50 vis de cinq types différents, tant par leur forme et leur taille que par le pas de filetage. Les empreintes de vissage sont de type Cécatre sur les deux appareils, mais sont évidemment plus grosses sur les vis utilisées par le HD. Les embouts de vissage sont fournis.

En ce qui concerne les bouchons, Kreg fournit avec le K4 cinq spécimens, en érable ; le site Kreg montre qu’il existe aussi chez ce fabricant des bouchons en chêne, en pin, mais aussi en plastique. Aucun bouchon n’est prévu pour le HD ; ce n’est pas très étonnant sachant que ce guide est plutôt prévu pour des assemblages d’ossatures (qui, dissimulées, ne requièrent pas de bouchons) ou des ouvrages extérieurs (sur lesquelles des bouchons ne résisteraient pas longtemps face aux variations thermiques et hygrométriques). Les vis du HD sont d’ailleurs traitées pour usage extérieur (spécimen de gauche sur la photo).

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En conclusion

Craig Sommerfeld (d’où le nom Kreg) est l’inventeur du concept et cela se voit dans ses productions : ces deux outils ont une longueur d’avance sur les autres. De par sa capacité supérieure, le HD n’est pas vraiment en concurrence avec les autres guides mobiles du banc d’essais : qui peut le plus ne peut pas en l’occurrence le moins puisque celui-là n’est guère adapté aux petits assemblages (le Kreg R3 est destiné à cela, mais je ne l’ai pas testé vu qu’il n’est pas importé). Je l’imagine par contre volontiers à sa place dans l’assemblage de cloisons à structure-bois, voire de petites constructions amateur/artisanales en ossature bois.

Le prix du K4, bien qu'assez élevé, se justifie aisément ne serait-ce que par sa vraie polyvalence guide mobile/guide stationnaire ; cet appareil sort du lot, et de loin. Le seul reproche sérieux que j’aie à lui faire est son foret un peu trop court, il est un peu paradoxal de constater que celui du concurrent Milescraft lui est mieux adapté ! Mais cela reste un détail au regard des autres qualités de cet appareil, que j’aurais largement placé en tête du comparatif de BOIS+ si je l’avais eu à temps.

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