Le corroyage aux outils à main

Corroyage aux outils à main

Je me suis lancé dans la réalisation complète de mon établi. J’y ai pris beaucoup de plaisir, notamment en réalisant bon nombre d’opérations avec des outils à main. Il en reste cependant une que je n’ai pas eu souvent l’occasion de pratiquer : le corroyage. Voici mes conseils pour mener ce travail efficacement… avec aussi une vidéo en fin d’article !

  • Par Samuel Mamias

    Pour illustrer le corroyage manuel, je vais corroyer « à la main » les côtés de tiroir de mon établi. Plus précisément « aux outils à main » bien sûr. Et pour ce faire, il va nous falloir, dans l’ordre d’apparition :

    > deux règles, qui vous permettre de rechercher les irrégularités du bois : point haut, bois vrillé, tuilé, ou bombé.

    > le riflard, avec sa semelle plate et son fer légèrement arrondi, capable de retirer de gros copeaux grossiers. Il permet de mettre rapidement le bois à blanc.

    Corroyage aux outils à main : le fer arrondi du riflard, idéal pour dégrossir

    > la varlope, dont la longue semelle a déjà prouvé son efficacité pour l’aplanissage du plateau de mon établi.

    Corroyage aux outils à main : une varlope à semelle métallique Stanley n° 7

    > Un rabot à angle faible, pour obtenir un bon état de surface. Le rabot à angle faible n’est pas spécialisé dans la finition, mais plutôt dans le travail du bois de bout. Il a cependant l’avantage de permettre la modification de l’angle de coupe en fonction de l’angle d’affûtage choisi. Il permet ainsi d’obtenir un très bon état de surface, même dans des bois torturés. Il faut pour cela y monter un fer ayant un angle d’affûtage important : 40° par exemple !

    Corroyage aux outils à main : un rabot à angle faible

    Dégrossissage

    Pour commencer, je pose ma pièce à plat sur le mon plan de travail (le plateau de mon établi). Je scrute soigneusement sa stabilité. Si aucune de ses deux faces ne permet un maintien parfaitement à plat, c’est qu’il faut agir au riflard. Je commence par caler la pièce fermement, mais pas trop : si l’on serre avec excès, on risque de déformer la pièce (flambage). Pour ma part, je la cale entre deux greppes de la presse en bout de mon établi. Puis je supprime une ou deux grosses irrégularités au riflard.

    Une fois ma pièce stable et toujours bien maintenue, je me sers des deux règles afin de repérer les points hauts et la forme globale de ma pièce. Est-elle tuilée ? Vrillée ?

    Corroyage aux outils à main : deux règles pour traquer les déformations des pièces

    Corroyage aux outils à main : deux règles pour traquer les déformations des pièces

    Ceci étant fait, toujours avec le riflard, je supprime les grosses irrégularités. Pour terminer ce dégrossissage, je fais deux passes croisées à 45°. L’état de surface obtenu est alors très grossier, mais en y posant à nouveau les deux règles, on doit constater que la pièce n’est plus gauche (dans le cas contraire, donnez quelques nouveaux coups de riflard sur les irrégularités restantes).

    Corroyage aux outils à main : dégrossissage au riflard

    Première face

    Il est maintenant temps de sortir la varlope ! Avec cet outil, les passes se font essentiellement dans la longueur de la pièce. Reste à déterminer le « meilleur sens » de rabotage. Normalement, vous avez dû le sentir en travaillant au riflard, mais il est possible que son travail grossier ne vous ait pas permis de le déterminer avec certitude. Souvent affaire de compromis, le sens de travail à la varlope doit vous permettre de « rabattre » au maximum les fibres du bois. Ainsi l’état de surface obtenu sera le plus parfait possible. Regardez bien votre pièce pour faire ce choix. Peut-être allez-vous changer l’orientation de votre pièce ? Dans tous les cas, assurez-vous qu’elle est bien maintenue, mais toujours sans excès, avant de travailler la surface.

    Du fait de ses dimensions et de son poids, la varlope n’est pas simple à manier. Il est important, si l’on veut obtenir surface rectiligne, de veiller à :

    > plaquer fermement l’avant de la semelle en début de passe, en pressant la poignée avant (avec la main gauche pour les droitiers).

    > relâcher la poignée avant en fin de passe, afin que l’outil ne plonge pas dans le vide en sortie de pièce. C’est alors l’autre main, sur la poignée arrière (main droite pour les droitiers), qui exerce une pression pour finir le mouvement.

    Cet enchaînement peut paraître un peu complexe à la lecture. Mais rassurez-vous : il vient assez naturellement une fois l’outil en mains. Le bras situé à l’avant se trouve plus rapidement tendu que celui de l’arrière. Pour achever le mouvement, il va donc naturellement lâcher prise. Il suffit pour cela de placer son corps à la bonne distance de la pièce à travailler.

    Corroyage aux outils à main : on relâche la pression à l'avant en fin de passe

    Premier chant

    Nous avons dégauchi une face, il est temps de dresser un chant. Première chose à faire : maintenir la pièce à la verticale. La presse avant d’un établi est idéale pour cela !

    Une fois la pièce immobilisée, orientez la face précédemment dégauchie de sorte que, lors du travail du chant à la varlope, les doigts de votre main gauche puissent y trouver un appui : cela va permettre de maintenir une « assiette » constante, de garantir la stabilité du travail.

    Corroyage aux outils à main : dressage du chant à la varlope

    Travaillez à présent le chant, puis vérifiez que votre chant est bien perpendiculaire à votre face

    Rabotage

    Nous allons maintenant pouvoir donner la largeur et l’épaisseur définitive à notre planche. Notez que, lors d’un travail mécanique, ces deux étapes seraient faites à la raboteuse. En travail « à la main », c’est le trusquin et la varlope qui vont être en action.

    Muni du trusquin, marquez la largeur définitive souhaitée de votre pièce et immobilisez-la à nouveau à la verticale. Cette étape ressemble comme deux gouttes d’eau à la précédente, le travail du premier chant, à la nuance près qu’il va falloir cette fois le poursuivre tant que la pièce n’a pas la bonne largeur. On travaille à la varlope, puis éventuellement au rabot de finition, pour obtenir le rendu final de notre bois.

    Corroyage aux outils à main : atteindre le tracé

    Remarque : dans le cas d’un corroyage classique, la pièce ayant partout la même épaisseur, le tracé peut se faire au trusquin. Dans mon cas, la section trapézoïdale de la pièce a très légèrement compliqué le travail du tracé et la quantité de bois à retirer est plus importante. Cependant, le riflard est efficace et en moins de cinq minutes on est proche des dimensions définitives.

    Vous avez saisi la procédure ? Découvrez-la maintenant en mouvement, avec cette vidéo :


Vos commentaires

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jbmbko42 13/10/2017 20h12

Formidable!Très simplement expliqué.Très bien montré.Tout se fait rapidement, sans la longue préparation et le bruit infernal de la dégau +aspirateur.Le problème est le prix de ces beaux rabots.
Il faudrait d'autres démonstrations d'outils à main dans le même esprit(bouvet,tarabiscot ...).
Merci.

Hugues Hovasse - BLB 25/10/2017 15h18

Nous essayons d'y consacrer des articles régulièrement dans les revues (ne manquez pas, à ce titre, le dossier du Bouvet n°177 sur les rabots à main !).